Road-trip de 7 jours en Espagne ? Marie et Erika sont parties en van…

Road-trip de 7 jours en Espagne ? Marie et Erika sont parties en van…

Road-trip de 7 jours en Espagne ? Marie et Erika sont parties en van… 1600 1066 VanBreak - Alquiler de autocaravana y furgoneta camper, España

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Road Trip en Andalousie : 7 jours avec Marie et Erika

 

Deux parisiennes, un van aménagé, trois possibilités :

Erika et moi sommes parisiennes de naissance et d’adoption. Erika a un ami, Aurélien, qui loue des vans aménagés VW California en Andalousie. L’idée germe de parcourir la région ensemble. Nous sommes en mai, la période idéale pour découvrir les paysages, apprécier le printemps, rencontrer les Andalous. Nous aimons l’itinérance. Nous avons chacune parcouru plusieurs continents. Nous avons déjà voyagé ensemble, en France, Bretagne et Corse. Cette balade nous mène cette fois un peu plus loin, jusqu’à la pointe méridionale de l’Europe, à quelques kilomètres de l’Afrique, à Tarifa et Gibraltar.

Départ de Malaga à bord de notre combi VW

Nous atterrissons à Malaga la luxuriante. Le van jaune nous attend à l’aéroport. Quelques explications sur son fonctionnement. C’est un concentré de design : couchette pliable et toit ouvrant, tiroirs sous le lit, tables et chaises intégrées dans les portes, réchaud, glacière et couverts dans le coffre. Chaque objet a sa place invisible. Seule peut rester la couchette arrière, pour la sieste ou la nuit.

Un peu ébaubies par le voyage matinal, nous nous mettons en route vers le Nord pour éviter la côte bétonnée jusqu’à Algeciras. Nous rejoindrons Tarifa et sa côte par les terres. Pour l’heure, direction les montagnes de la Sierra de las Nieves, Ronda et ses villages blancs.

 

1er jour en Andalousie : direction Ronda, la Sierra et les villages blancs

Passées la banlieue de Malaga et Cartama, nous traversons des paysages vallonnés et fleuris, jalonnés de plantations d’oliviers et de pins. Première halte dans la petite ville de Coìn. C’est le 1er mai, jour de fête. Nous trouvons une cafétéria à l’entrée de la ville. La sono envoie les Gypsy Kings à fond les ballons (sommes-nous vraiment en 2017 ?!). Les tablées sont pleines. Toutes les générations se côtoient. Une poignée de petites filles en robes de flamenco joue entre les tables.

Après la halte, nous reprenons la route en direction de Ronda. Les paysages de fleurs et de pinède laissent progressivement la place à la montagne – la Sierra de las Nieves, jusqu’à 1 900 m – et aux pâturages de chevaux, chèvres et moutons. La route devient étroite et en lacets. L’air est frais, empreint de parfums de chlorophylle et d’ajoncs. Nous nous arrêtons pour siester au pied d’un arbre. Petite marche sur un chemin dominant les vallées environnantes.

Nous reprenons le volant vers 16h. Après moult lacets dans la Sierra de las Nieves, jusqu’à 1 900 m, nous arrivons enfin à la mythique Ronda. La ville, scindée en deux villes historique et nouvelle, a été une place forte arabe au 8ème siècle, puis chrétienne. Elle a vu naître deux dynasties de torreros. Les poètes Rainer Maria Rilke, Ernest Hemingway et Orson Welles ont célébré sa beauté, à flanc de précipice, à cheval au dessus d’une gorge. La perspective nous semblait plus qu’alléchante.

A notre arrivée, c’est la fin d’après-midi. Nous commençons à visiter la ville mais, dans le dédale de petites rues, ne trouvons pas son coeur historique. Le soir commence à tomber. Le ciel est toujours aussi limpide. Salade et tapas. Nous prenons le temps, un peu trop…

 

Première aventure, première erreur, frayeurs

Nous savions d’expérience qu’il ne fallait pas se faire surprendre par la nuit tant que nous n’avions pas trouvé un endroit pour dormir. Le camping sauvage demande du temps et de la lumière. En particulier dans la montagne, où les endroits où se garer ne sont pas légion. Une route principale peut serpenter dans la montagne sur 20 km sans qu’il y ait de sortie. Après quelques tapas à Ronda, nous revenons au van aménagé. Le temps de sortir de la ville, la nuit est déjà tombée.

Nous prenons la route de la Sierra, d’où nous venions, pour retrouver un départ de sentiers de randonnée repéré plus tôt. Dans la nuit, impossible de voir quoi que ce soit. La route de montagne est étroite et raide, sans aucune possibilité d’en sortir. Après vingt minutes de route un peu angoissantes, dans la nuit noire et sans perspective de s’arrêter, nous nous arrêtons à la Puerta del Viento (la Porte du vent), point de vue culminant sur les montagnes et sur les différentes espèces ornithologiques.

Comme son nom l’indique, le lieu semble se trouver à l’intersection de plusieurs ascendances météorologiques. Nous en faisons les frais pour la nuit. Le van, et nous dedans, est balayé et ballotté par les vents toute la nuit. Nous avons l’impression d’être à bord d’un navire près à couler à chaque instant. Le précipice le cerne de chaque côté… Le matin, nous accueillons le matin avec soulagement. Nous sommes un peu en altitude mais point de précipice, surtout des pics rocheux en contrebas, du maquis et de la terre rouge à perte de vue. Les brebis nous réveillent. Le berger claque son fouet en criant. Andalucià!

 

Ronda, piédestal romantique

Nous arrivons finalement dans la ville historique de Ronda, reliée à la ville nouvelle par trois jolis ponts. Perchée sur la falaise, la ville est à la hauteur de sa réputation. Ce qui ressemble à une arène romaine surplombe la gorge. Nous restons coi devant un concert de harpe et de guitare. L’endroit est un vrai repaire d’amoureux, mais aussi de touristes. Difficile de faire plus romantique.

Tous les dix mètres se découvre une merveille historique, archéologique, géologique ou une petite place verdoyante avec fontaine et concert langoureux. De la ville partent également plusieurs chemins dans la nature vers la gorge ou vers des sites remarquables.

Nombreux sont les cafés et restaurants nichés dans la végétation et arborant des vues à couper le souffle. Après cette nuit éprouvante, c’est un maximum, sous un soleil de plomb. Impressionnées et un peu saturées, nous reprenons la route pour retrouver la vie sauvage, et les villages blancs.

 

Y a-t-il des lacs en Andalousie ?

Après l’épisode de Ronda, nous hésitons entre deux routes.

La première, vers l’Ouest, relie Ronda à Arcos de la Frontera. Elle traverse les villages blancs les plus connus, comme Grazalema, village de montagne le plus pluvieux d’Europe, réputé pour son caractère typique et pour son artisanat de laine et de cuir. Et puis il y a la deuxième route, vers le Sud-Ouest, qui traverse aussi des villages blancs (Montejaque, Benaojan, Jimera de Libar), des grottes, la rivière Rio Guadiaro, la réserve naturelle de Cortes de la Frontera et quelques lacs. C’est celle que nous choisissons. Pour rester dans la nature sauvage mais se diriger progressivement vers les lacs et la mer.

En fait de lac, tous ceux que nous avons repérés sur la carte ou après discussion avec les habitants (à Montejaque, très joli village, mojitos mémorables sur la place centrale du village) étaient soit secs – comme ils dépendent de barrages et ne sont pas remplis avant le début de l’été – soit minuscules. Cette quête de lac est devenue une blague pendant tout le voyage à chaque fois que nous en voyions un asséché ou complètement inaccessible. Bref, pour trouver de l’eau dans l’arrière pays andalou, il semble qu’il soit plus simple de chercher une rivière où se baigner. Il y en a de nombreuses. Hormis dans les rivières du marais, à l’approche de la côte, l’eau est limpide, les petits ponts très jolis et les galets tout à fait confortables pour la plante des pieds. Nous avons passé les meilleurs moments de notre séjour dans ces lieux oubliés des dieux du temple où nous pouvions nous laver (sans savon) nues ou nager au milieu de la verdure et des animaux de pâture.

En particulier, la réserve naturelle de Cortes de la Frontera nous a impressionnées pour ses paysages de chênes lièges « déculottés », sans leur écorce sur la première moitié du tronc du fait de l’exploitation locale du liège. Pour les nombreuses possibilités de balade dans la nature, mais aussi pour ses animaux – taureaux, chevaux, sangliers, brebis etc. – qui règnent en maîtres sur la région.

 

Routes forestières : passe ou passera pas ?

Après les petites routes de montagne et la réserve de Cortes de la Frontera, toujours à la recherche d’eau, quelqu’un nous avait indiqué un joli spot de rivière où se baigner. Il fallait aller jusqu’à El Colmenar. Problème : seule une route forestière y menait. La route était défoncée par les machines servant à l’exploitation du liège, mais elle était praticable à première vue. Nous avons tenté. Le résultat a été assez chaotique et cahotant, mais le paysage s’est avéré sublime, et nous avons fini par trouver la rivière… Ce genre de route est plutôt à déconseiller, à moins d’avancer lentement et avec beaucoup de prudence. Mais elles peuvent aussi réserver de très bonnes surprises, comme cette petite rivière limpide sous un petit pont de pierre au  milieu des chênes et des chevaux…

 

Est-ce un lac, une rivière… ? La mer !

Après notre immersion dans la nature et la vie sauvage, nous avons décidé de rejoindre la côte Ouest, vers Vejer de la Frontera.

Sur le chemin, le village de Gaucìn nous a accueilli pour une nuit, près de la gare. Une bonne étape de ravitaillement. Puis les paysages se sont mis à changer, radicalement. Comme si nous passions des Alpes « tropicales » à la Camargue. Les montagnes ont laissé la place à la plaine, les chênes lièges aux Eucalyptus et aux joncs, les rivières aux marais, les aigles et les étourneaux aux cigognes et à leurs nids haut-perchés sur des pylônes. Seuls les taureaux étaient toujours là. Si la hauteur des collines et montagnes avait disparu du paysage, il restait néanmoins des motifs de vertige, surprenants par leur nombre ; des éoliennes, par dizaines, tout le long du détroit de Gibraltar jusqu’à Vejer.

Cette portion de route, entre Gibraltar et Vejer s’avère plus agréable que prévu. A Gibraltar, ne pas manquer le point de vue sur le détroit, la côte en face, la fine langue de mer et les bateaux qui y circulent. Mythique…

 

Tarifa : des vagues, du vent, un plan cool et sans pression

A notre étonnement, il a été très facile d’accéder à Tarifa, à taille humaine, et de se garer tout près de la plage (c’est le mois de mai, je ne suis pas sûre que ce soit la même chose en août). La plage de las Lances, la plus grande, s’étend, claire, à perte de vue. Les vagues y déferlent d’une bonne hauteur. Surfers et kite-surfers y sont chez eux. Ce qui a l’avantage d’imprimer une atmosphère détendue, bienveillante et joyeuse. Nous y avons passé quelques heures agréables avant de reprendre la route pour trouver un lieu tranquille (comprendre sauvage) où dormir.

Direction Zahara de los Atunes. Son nom nous inspire. Et le village côtier est à mi-chemin entre Tarifa et Vejer, à l’écart de la nationale et du traffic. Il nous tend les bras…

 

Zahara de los Atunes : coupe le moteur !

Dès notre arrivée, le village de Zahara nous a beaucoup plu. Le parking était dans le sable, quasiment sur la plage, face à la mer. Toutes les commodités de camping (bien qu’interdit) étaient là, à disposition. La plage était complètement sauvage, très peu peuplée. Un ponton en bois y menait. En face, une sculpture, deux énormes pierres en équilibre l’une sur l’autre, semblait accueillir les visiteurs. Elle est complètement visible à marée basse et partiellement recouverte à marée haute. Le village, blanc avec quelques ruines médiévales et une église du XVème siècle stupéfiante, nous a séduit par son calme, ses magasins, ses restaurants, certains gastronomiques de haute tenue (« El Salvaje », très inventif et goûtu, mais attention aux portions congrues !).

Bref, nous avons coupé le moteur pour deux jours. Pique-niques sur la plage, ballades dans la petite ville balnéaire aux magasins de bon goût (nous avons chacune acheté des lunettes aux montures en bois gravées à la main, de marque espagnole), visite d’une friche médiévale ensevelie sous la végétation quasi face à la mer, visite de l’église, ballades le loin de l’estuaire sur des pontons de bois donnant sur les marais et les éoliennes, à conseiller absolument  lorsque le soleil se couche…

Nous avons pleinement savouré cet endroit, ses gens et les merveilles qu’ils recèlent. A bientôt Zahara !

 

Retour : la nostalgie, déjà

Nous prenons l’avion de Malaga à Paris dimanche en début d’après-midi. Nous partons le samedi matin de Zahara de los Atunes pour éviter les embouteillages et le soleil de plomb. La route qui longe la côte est jolie et rapide. En deux heures, nous sommes à quelques dizaines de kilomètres de Malaga. Le littoral entre Malaga et Gibraltar n’est pas fabuleux ; il est très bétonné et urbanisé mais nous faisons une halte dans une station, Fuengirola. Nous y passons l’après-midi, comme un dernier bain avant de rentrer, un premier bain de foule avant de la retrouver pour de bon. La nostalgie nous étreint déjà.

Pourtant, nous ne sommes pas les mêmes que lorsque nous sommes parties. Notre peau est plus bronzée, notre démarche plus souple, nous sommes devenues nomades pour un temps. Que restera-t-il ? Des sensations, de liberté, de routes qui s’ouvrent, de lacets qui montent, d’aigles qui planent, d’eau qui coule, de sable qui crisse. Surtout, une palette de parfums, tellement marqués et changeants au fil du voyage, qui nous ont reliées à la vie sauvage, dont nous avions cruellement besoin.

Vous nous avez accueillies royalement à notre arrivée à Malaga Olivier et Aurélien. Merci pour votre beau van aménagé jaune et pour la possibilité de cette aventure. Nous reviendrons !

 

Marie et Erika